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Mémoires d’une Danseuse russe

Il a les manches retroussées de manière que rien ne gêne ni n’embarrasse ses mouvements. Il tient à deux mains l’instrument du supplice, un knout. Ce knout est une lanière de cuir épais, taillée triangulairement et longue de trois à quatre mètres, large d’un pouce, s’amincissant par une extrémité et terminée carrément par l’autre ; le petit bout est fixé à un petit manche de bois d’environ deux pieds.

Le signal est donné : on ne prend jamais la peine de lire la sentence. L’exécuteur fait quelques pas, le corps courbé, traînant cette longue lanière à deux mains entre les jambes. Arrivé à trois ou quatre pas du patient, il relève vigoureusement le knout vers le sommet de la tête en le rabattant aussitôt avec rapidité vers ses genoux. La lanière voltige dans l’air, siffle, s’abat et enlace le corps du patient comme d’un cercle de fer. Malgré son état de tension, le patient bondit comme sous les étreintes puissantes du galvanisme. L’exécuteur retourne sur ses pas et recommence la même manœuvre autant de fois qu’il y a de coups à appliquer au condamné. Quand la lanière enveloppe le corps par ses sangles, la chair et les muscles sont littéralement tranchés en rondelles comme avec un rasoir ; mais si elle tombe sur le plat