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Mémoires d’une Danseuse russe

est le plus usité. Il se donne au moyen d’un martinet à six ou huit lanières de cuir effilées et longues de cinquante centimètres. Cinquante coups sont le maximum qu’on donne rarement, car Madame, aimant ce spectacle, préfère recommencer plus souvent…

J’ai été témoin de ce que je viens de noter. Pendant mes huit années de séjour à Pensa, ces scènes se répétaient quotidiennement. J’aurais pu rendre encore plus vivants ces documents en les encadrant dans le récit des circonstances où se produisaient les faits observés, mais j’ai craint de tomber dans des redites et des répétitions.

Bien d’autres abus me furent révélés en détail ; je ne puis me rappeler tout. Qu’il me suffise de dire que les esclaves se trouvaient dans une situation telle que les abus étaient la règle générale de la part de leurs possesseurs. Tant qu’une violence brutale ne mettait pas leur vie en danger, ces êtres humains pouvaient être torturés de toute façon sans qu’aucune crainte arrêtât leurs bourreaux.

J’ai voulu surtout mettre en lumière les caprices de la cruauté féminine s’exerçant sur des individus du même sexe, sans défense aucune et plus malléables que ceux du sexe masculin. Il est bon de remarquer