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Mémoires d’une Danseuse russe

sont de bons pinçons tortillés que Madame inflige et cette punition, cette distraction plutôt est plus cruelle que le soufflet.

Si Madame, prête à sortir, se fait placer sur la tête sa coiffure et qu’elle soit énervée ou de mauvaise humeur, elle s’en prend à la domestique qui l’habille ; alors, si elle a en main une épingle de toilette ou une de ces longues aiguilles d’or qui retiennent ses cheveux, elle se fait une joie cruelle de l’enfoncer dans les bras ou les épaules de celle qui l’a impatientée. J’ai vu la coiffeuse Akoulina montrer ses bras où plus de vingt piqûres étaient inscrites depuis moins de huit jours.

Une serve est spécialement chargée de la chausser.

Les bras de ma maîtresse ne s’abaissent point à châtier cette espèce, mais ce sont les jambes qu’elle charge de ce soin. La pauvre belle reçoit chaque jour bon nombre de coups de pieds, nus, chaussés de bas seulement ou vêtus de mules ou de fines bottines. C’est dans ce dernier cas que la douleur est plus vive. J’ai vu Madame meurtrir le dos de cette esclave en la piétinant, un jour de colère, avec les mignons talons de ses pantoufles de velours. Qu’était-il donc arrivé à la malheureuse ? Peu de