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Le Servage en Russie sous Nicolas Ier

fletées à propos de tout et à propos de rien. Il est très commun de voir la marque des cinq jolis doigts de Madame sur la figure d’une camériste qui sort de la chambre à coucher de sa maîtresse, les yeux pleins de larmes et la figure rouge comme une pomme d’api. Lorsque Madame soufflète une de ces filles d’un revers de main la douleur peut être plus sensible, tous ses doigts chargés de bagues entrent dans la chair de la joue et peuvent même la meurtrir suffisamment pour faire couler le sang.

Quelquefois, Madame égratigne ses femmes de ses ongles roses, elle leur gifle la figure et de longues traces se voient longtemps après sur plus d’un visage.

Les serves qui l’approchent portent leurs cheveux nattés dans le dos ; c’est un plaisir pour ma maîtresse que de tirer très fort les longues nattes de ses servantes, lorsqu’elle se fait coiffer et qu’elle ne veut pas se retourner pour gifler sa coiffeuse, elle tient d’une main la natte de celle-ci et la tire violemment à chaque manquement de la servante.

Il lui plaît aussi de pincer les bras nus de ses femmes ; c’est même un agrément fort vif, qu’elle se procure maintes fois chaque jour ; la fille qui en est victime est sûre d’avoir un noir à chaque fois, car ce