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Le Servage en Russie sous Nicolas Ier

gées du soin des nombreux vêtements et objets de toilette de madame étaient de même les gardiennes de ceux de mademoiselle. En somme, ce que je dirai de l’une s’appliquera presque exactement à l’autre.

Ma maîtresse avait un luxe de toilette inouï. Belle comme elle l’était, elle aimait à être toujours admirablement parée. Ses toilettes d’intérieur aussi bien que celles de cérémonie étaient impeccables. C’est de Paris que venaient les mannequins de grandeur naturelle dont elle se servait pour se faire habiller. Le choix des étoffes était l’objet des plus grands soins. Rien n’était trop beau pour son goût. Une maîtresse couturière détachée à prix d’or d’une grande maison de Pétersbourg avait sous ses ordres une quinzaine de serves choisies parmi les plus habiles. Une femme de chambre ayant servi longtemps chez Mademoiselle la comtesse de Pahlen, devenue Madame la princesse Woronzoff, servait de mannequin vivant pour l’essayage lorsque les costumes étaient terminés. Madame adorait le velours, les peluches, les fourrures ; même en été elle avait des peignoirs, des robes de chambre et des vêtements de ville en velours léger de couleurs claires. À l’époque où j’écris (novembre) ces étoffes étaient