Page:D. - La Flagellation en Russie - Mémoires d'une danseuse russe, 1905.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
22
Mémoires d’une Danseuse russe

de n’en être plus affectée… et oserais-je l’écrire, d’y prendre même un certain plaisir, tant il est vrai qu’il y a dans la douleur physique de ses semblables un sujet de jouissance malsaine.

Je dois ajouter que nous restâmes deux bonnes heures dans les serres ; après quoi mademoiselle, rentrant dans son appartement, daigna me faire délier la malheureuse Macha. Ses genoux, comme ankylosés, refusaient de quitter le sol, aussi sa maîtresse impatientée lui administra une paire de retentissants soufflets en lui criant :

— Tu ne veux donc jamais obéir ! Va-t-en à la cuisine, tu reviendras quand je te sonnerai.

La serve disparut enfin et je me mis en devoir de donner à mon élève sa leçon quotidienne dont l’heure était arrivée.

Je reviens maintenant à ma première journée et j’en termine l’histoire :

Après une après-midi bien remplie comme celle que je venais de passer, je ne tardai pas à m’assoupir, mais je pensai tout à coup à mon aimable Ourita, et à demi éveillée, je lui dis de se retirer.

— Oh non ! mademoiselle, fit-elle, je couche dans votre chambre.