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Mémoires d’une Danseuse russe

— Je n’ai seulement pas senti Mademoiselle, me dit-elle en se relevant ; Madame, quand je la servais l’an dernier, était bien plus lourde et chaque fois j’étais toute meurtrie après l’avoir mise au lit.

— Est-ce donc l’habitude, lui demandai-je, de se servir des femmes de chambre en guise de coussin ?

— Des femmes de chambre, non, Mademoiselle, mais Mademoiselle la Comtesse a auprès d’elle une petite serve qui remplit souvent cette fonction quand Mademoiselle lit ou joue du piano ; Mademoiselle trouve que rien ne vaut le corps souple et tiède d’une fille potelée pour reposer ses pieds ; mais il ne faut pas qu’elle bouge, par exemple, car Mademoiselle a bientôt fait de lui envoyer des coups de pieds sur les reins et dans les jambes.

— Voilà du nouveau pour moi, fis-je au comble de la surprise ; je n’aurais pas supposé qu’on pût faire servir une femme à pareil usage.

— Mais si, Mademoiselle, me dit gravement ma chambrière, nous trouvons cela très simple, car les serves sont bien faites pour se soumettre aux caprices de leurs maîtresses ; la petite Macha, qui sert Mademoiselle, comme je viens de vous le dire, sait très bien qu’elle n’a pas le droit de se plaindre, et