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La Fouettée devenue Fouetteuse

théâtre dans deux grands omnibus. Tous ces domestiques, loués par moi, étaient susceptibles de recevoir le fouet, même le cocher, un gaillard de vingt-six ans. Pour me conduire au théâtre et m’en ramener, ainsi que pour toutes mes courses en ville, j’avais un coupé de remise, loué au mois, qui se tenait à ma disposition de midi à minuit.

Un soir, mon cocher d’omnibus s’enivra de si abominable façon que je dus le faire remplacer par un cocher de place. Le lendemain, je le fis monter à la cuisine, où je lui reprochai son ivrognerie devant tout le personnel féminin. Comme il me voyait un martinet de cordes dans la main, il se douta de ce que serait la conclusion de mon discours. Et, de fait, devant tout le monde, je lui donnai la plus belle fessée que j’aie jamais appliquée.

C’est ainsi que je me faisais la main, et bientôt, dans tout Pétersbourg, il n’y eut plus de fille ou de serve qui ne connût la vigueur et la sévérité de madame Mariska.