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Mémoires d’une Danseuse russe

çais mes fonctions de maîtresse de danse. Il faut avouer cependant que si elles me rapportèrent, elles eurent pour résultat de me rappeler les souvenirs cuisants de mes jeunes années. L’amour, dans ce pays, a toujours le fouet à la main.

Un an après mon émancipation, grâce aux largesses de mon libérateur, à mes leçons bien payées, je pus monter un corps de ballet à mes frais.

Je m’installai dans une maison spacieuse d’un faubourg de la ville, une maison isolée de la rue, entre cour et jardin. J’avais fait choix de vingt-cinq danseuses, toutes jolies, et les avais louées pour un an avec la faculté de les acheter à la fin du contrat, à un prix fixé d’avance, si elles faisaient mon affaire.

J’avais un maître de ballet qui venait pour les répétitions, qui réglait les divertissements et conduisait les danseuses au théâtre. Il ne logeait pas dans la maison ; je voulais garder ma liberté pleine et entière chez moi.

J’avais deux aides, deux surveillantes, une cuisinière et une souillon qui l’aidait, un cocher et un jeune groom qui conduisaient mes pensionnaires au