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L’Amant généreux

un an, le gîte et le couvert ? Oh ! je le bénirai toute ma vie.

Après avoir vécu quelque temps sur les fonds que m’avait laissés ce bienfaisant ami, je me cherchai une occupation rémunératrice. Je donnai d’abord des leçons de danse qui me rapportèrent de jolis bénéfices. Ma réputation s’était faite bien vite. Ma peau était désormais à l’abri des verges et de la nagaïka, j’étais maintenant du côté du manche. J’avoue que j’étais devenue une enragée fouetteuse. Quand j’avais deux élèves à corriger, la seconde était sûre de se relever avec une croupe plus rouge que celle de sa camarade, mon ardeur à frapper s’augmentant par l’exercice.

Quelques dames me faisaient venir le matin à domicile donner des leçons de souplesse à de jeunes serves, sous leurs yeux et le plus souvent en présence de l’époux et des jeunes maîtres, filles et garçons. Je me servais de l’instrument qu’on me mettait en main et qui variait à l’infini : martinets de cuir, de cordes, verges, balais de brandes, rotin, cravache, etc., pour fustiger les jeunes filles dont on me confiait la correction.

J’eus quelques bonnes fortunes pendant que j’exer-