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Plaisirs d’amour

je l’adorais à genoux. N’était-ce pas lui qui m’avait tirée de la fange ?

Nous restâmes quinze jours dans ce châlet qui, pour moi maintenant, était comme l’antichambre du paradis. Puis, son congé expiré, il m’amena dans sa nouvelle garnison, qui était Saint-Pétersbourg. Seulement, il ne me garda pas chez lui. Il m’avait fait meubler un petit appartement dans les faubourgs. Il venait de temps en temps de jour et quelquefois de nuit, quand son service le lui permettait. J’avais une femme de ménage qui prenait soin de mon appartement et de mon linge. Elle couchait à l’extrémité du corridor, dans une chambre avec laquelle je communiquais à l’aide d’une sonnerie électrique. Il la payait grassement pour qu’elle prît bien soin de moi. On nous montait les repas d’un restaurant voisin, bien qu’il y eût chez moi tout le confortable d’un ménage.

Cette existence délicieuse dura près d’un an. Vers la fin, il venait plus rarement, il allait se marier. Je me demandais ce que j’allais devenir. J’étais assez inquiète à la pensée du sort qui m’attendait, mais je dissimulais du mieux que je pouvais mes inquiétudes.

Mon amant me réservait la plus agréable des