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Mémoires d’une Danseuse russe

— Mariska, dit-il enfin, je t’ai achetée à tes maîtres. Tu es mon bien, mon esclave, tu m’appartiens et tu seras traitée comme une serve, tu m’obéiras sans regimber dans tout ce que je te commanderai. Je t’ai vue plusieurs fois en scène et tu m’as parue propre aux fonctions auxquelles je te destine.

Je me suis informé de la durée du contrat qui te liait à l’Institut de danse, et quand j’ai su que les cinq ans étaient près d’expirer, je me suis empressé d’aller offrir de toi un bon prix à tes maîtres, ne voulant pas laisser échapper ce trésor qui doit me rapporter doublement.

Ce vieux barbon avait un joli petit escadron de danseuses qu’il louait à des théâtres qui ne pouvaient se payer un ballet. Il faisait aussi les fêtes publiques et les foires de Nijni-Novgorod. Il en retirait un joli bénéfice, mais ce n’était rien à côté du prix qu’il retirait des débauchés auxquels il louait également, mais pour d’autres danses, les jolies filles achetées par lui.