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Mémoires d’une Danseuse russe

j’étais fouettée sans motif plausible, simplement pour augmenter le plaisir des débauchés qui m’avaient retenue.

Cinq ans se passèrent ainsi. J’avais vingt et un ans, mon contrat était fini. J’attendais cependant sans trop d’impatience qu’on vînt me réclamer. Si je ne redoutais pas la férule de mes maîtres à l’égal des corrections de l’Académie, je savais que je n’aurais plus là-bas les distractions auxquelles je m’étais accoutumée.

Enfin, un jour, on me dit de faire mes paquets. J’emportai mes vêtements de ville, mais je dus laisser mes costumes de danse, qu’on gardait quand on renvoyait les danseuses, à l’exception d’un seul qu’on leur laissait emporter.

Un coupé attelé de deux chevaux m’attendait à la porte de l’Institut. Le cocher descendit de son siège pour prendre mon petit paquet avec lui. C’était la première fois, depuis cinq ans, que je respirais l’air de la rue ; je l’aspirai à pleins poumons.

Je montai donc dans ce coupé dont les glaces étaient dépolies, ce qui me permettait de voir. Quel