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Mémoires d’une Danseuse russe

cheuses, je suivis d’abord assez bien la cadence rythmée par le violon et la harpe. Mais, pour le retour, n’ayant pas l’habitude de marcher à reculons, je trébuchais à chaque pas, perdant la cadence. Arrivé au terme fatal, la directrice me fit pencher et m’appliqua deux coups sur la chair nue, ce qui m’occasionna une cuisson affreuse.

— Voici, dit-elle, pour t’apprendre à marcher à reculons. Aujourd’hui, ce n’est rien, mais demain, tu seras servie comme les autres.

Je dus repartir chaque fois avec l’escadron volant, recevant régulièrement, à mon retour, deux coups de cordes secs. J’en eus en tout une douzaine.

Tous les groupes répétèrent ensemble pendant une demi-heure, durant laquelle il y eut une trentaine d’encouragées par quelques coups de cordes bien sentis qui les cinglèrent au vol, n’importe où.

Je ne pris pas part à la répétition générale. Je restai au milieu d’un groupe de marcheuses.

Comme c’était le même ballet que la veille, l’apothéose se termina de la même façon, par une correction générale.