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Mémoires d’une Danseuse russe

Le surveillant tenait une liste à la main. Sur un signe de la directrice, qui lui annonçait sans doute que la séance était ouverte, il appela « Daischa ». À l’appel de son nom, une grande fille brune de vingt ans que j’avais déjà remarquée dans le second quadrille, sortit des rangs, les pommettes rouges, la poitrine haletante, se dirigeant en tremblant vers l’échafaud.

Elle s’agenouilla sur le coussin. Une surveillante vint lui descendre son maillot. Puis elle se pencha en avant, le ventre appuyé sur le billot, les bras en croix. Sa jupe de soie rouge, soulevée par le jupon empesé, semblait une capote de cabriolet. Le corps formait ainsi un arc de cercle, la croupe très proéminente reluisait aux lumières.

Ce fut une des assistantes, la duchesse de B…, qui s’était prétendue mécontente de la danse, à qui l’on avait offert la correction de la danseuse, coupable de lui avoir déplu, qui vint la fouetter. C’était une femme de vingt-huit à trente ans qui était là avec M. le Duc, son noble époux. Ses grands yeux fauves lançaient des éclairs quand elle leva les cordes menaçantes sur cette chair aussi blanche que de la neige. Cette blancheur eut bientôt disparu. La grande