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Le Billot

Quand le spectacle fut terminé, on nous fit monter dans les voitures fermées qui nous ramenèrent à l’Institut. Nous laissâmes nos sorties de théâtre au vestiaire et l’on nous fit monter dans la salle de répétitions, éclairée à giorno, avec nos riches et brillants costumes de scène. Aux stalles d’orchestre, il y avait une brillante assistance, les dames étaient en tenue de soirée, c’étaient des spectatrices du théâtre.

On attendait la fin du spectacle pour leur permettre d’assister aux corrections des danseuses signalées par le surveillant qui prenait des notes dans les coulisses sur celles qui avaient pu commettre quelque maladresse, manqué un pas ou fait quelque autre peccadille. Il savait qu’il lui fallait un certain contingent tous les soirs et quand il ne trouvait pas assez de coupables, il en signalait à tort ou à travers. Les pauvres filles se seraient bien passées de cette distinction.

Je remarquai, au milieu de la salle, un billot de forme ronde, matelassé avec un coussin devant, qu’on avait dû transporter là pendant notre absence. Je me demandais à quoi pouvait bien servir ce billot. C’était l’échafaud sur lequel on exécutait les coupables.