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Mémoires d’une Danseuse russe

la peau nue. Je souffris toute la soirée, qui dura trois heures, comme sous une morsure continue. Dans la voiture qui nous ramenait, je souffrais encore. Pourtant, je pus dormir. Mais pourquoi le maître de ballet m’avait-il frappée ? J’avais pourtant vu mes camarades plonger leurs regards dans la salle.

Il paraît qu’elles profitaient du moment où il était occupé à régler les entrées en scène. Mes bonnes petites camarades se gardèrent bien de m’avertir. Elles guettaient, du coin de l’œil, le moment fatal pour moi, riant de bon cœur à la pensée de ma surprise.

Le ballet continua. Je dus me tourner vers la scène et assister à la réédition de toutes les danses qu’on avait répétées dans l’après-midi. Mais là-bas je n’avais pas le feu à la peau, et j’y avais pris un grand plaisir.

Bien qu’il n’y eût plus de danses au dernier acte, nous attendîmes, dans nos sorties de théâtre, la fin du spectacle, avant de monter dans les voitures closes qui nous attendaient dans la cour intérieure pour nous ramener à l’Institut. Je m’informai auprès de ma voisine du motif de cette attente.

— Tu le verras tout à l’heure.