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Curieuse fin de spectacle

danseuses qui attendaient leur tour d’entrer en scène. C’était la première fois que je voyais un ballet au théâtre et que j’entendais de la musique exécutée par un orchestre complet. Il y avait de petits trous percés dans la toile qui montait le long des portants, où mes camarades mettaient un œil.

J’y collai le mien, et je vis la salle tout entière, éclairée par un plafond lumineux, l’orchestre, où il y avait près de cent musiciens, les fauteuils, les loges, les baignoires, le premier balcon, tout çà garni des plus brillantes toilettes, étincelait de diamants et de pierreries. Les dames, en tenue de soirée, étaient décolletées très bas. En face, je reconnus une des spectatrices qui avait assisté à la répétition.

En ce moment, je reçus deux coups de baguette sur mes fesses mal protégées par la soie collante du maillot. Je poussai un cri de surprise et de douleur. Le maître de ballet me punissait de ma curiosité. Il avait profité d’un crescendo de l’orchestre pour m’appliquer ces deux cinglées, se doutant bien qu’on n’entendrait pas le cri que ne manquerait pas de m’arracher la surprise et la souffrance.

C’était, en effet, comme si la baguette avait cinglé