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Mémoires d’une Danseuse russe

tateurs palpaient les maillots, regardant sur toutes les coutures pour voir s’ils étaient bien ajustés. Je vis retomber la cravache par deux fois sur la grosse croupe d’une grande fille qui bondit en avant, en poussant un cri aigu. Cette cravache devait mordre comme sur la peau nue.

La baguette eut son tour presque aussitôt. Elle cingla deux fois les fesses d’une jeune marcheuse, produisant le même bond en avant et le même cri.

La revue continua, toujours passée de cette façon piquante. À chaque observation, la baguette ou la cravache faisait son office. Il y eut vingt danseuses trouvées en défaut. Comme j’avais été emmaillotée par une fille de chambre, je n’avais pas à redouter la baguette du maître de ballet qui se contenta d’une inspection minutieuse.

C’était décidément pire que chez la modiste qui, du moins, ne se servait pas d’une cravache cinglante comme celle de la directrice, ni d’une baguette coupante comme celle du maître de ballet. Au cri poussé, à la projection en avant, on devinait que la morsure devait joliment cuire.

Au théâtre, je dus rester dans les coulisses pendant le ballet avec mes camarades inoccupées et les