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Mémoires d’une Danseuse russe

Un grand jeune homme blond, qui paraissait vingt-cinq ans environ, entra seul.

— C’est la nouvelle acquisition ? dit-il en me regardant d’un œil indifférent.

— Oui, monseigneur.

— Elle se nomme ?

— Mariska, monseigneur.

Il s’approcha de moi et se mit à me palper comme un maquignon. Je dus me coucher en avant, me renverser en arrière, faire mille contorsions pour lui permettre d’apprécier mes formes et de voir si le maillot remplissait toutes les conditions voulues. Puis il tourna sur les talons pendant que l’essayeuse s’inclinait jusqu’à terre, et que je crus de mon devoir d’imiter. Cette femme me ramena ensuite au salon d’essayage, où je repris mes vêtements d’intérieur.

Les Grands-Ducs, qui étaient propriétaires de l’Institut et par conséquent les maîtres absolus, ne venaient que rarement aux répétitions. La direction en était confiée à l’intendant général, qu’aidaient dans ses fonctions la directrice, une femme d’une quarantaine d’années, un maître de ballet et des professeurs des deux sexes.

Mais les professeurs mâles n’assistaient pas à la