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Engagée comme danseuse

goûter quelque repos avant de me livrer de nouveau au caprice de l’inconnu qui me garda, non pas huit jours, mais quinze.

Puis ce fut le retour à l’atelier. Je revins souvent à la maison de correction, mais uniquement pour y goûter les cuisants baisers des verges ou de la nagaïka, jusqu’au jour où, menée devant un homme qui m’examina sur toutes les coutures, j’appris que j’avais attiré l’attention de l’intendant de l’Académie impériale de Danse. Mes maîtres, sachant par la modiste que je ne ferais jamais qu’une piètre apprentie, consentirent à louer pour cinq ans leur serve Mariska à l’intendant de l’Académie pour la dresser dans l’art chorégraphique et l’exploiter ensuite à son gré, pendant toute la durée du contrat.

Je fus assez sotte pour me réjouir de ce changement. Je ne savais pas, comme on dit en France, que je troquais mon cheval borgne pour un aveugle.