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Mémoires d’une Danseuse russe

lier si vous n’êtes pas trop fatiguée. Le changement de lit, ajouta-t-elle avec un sourire qui me fit frissonner, fatigue quelquefois. Okontina, conduis cette jeune fille au numéro 17, je crois que la chambre est libre.

Okontina me conduisit au numéro indiqué, ouvrit la porte, me poussa dans l’appartement en me disant que je trouverais là tout ce qu’il me faudrait, et m’enferma. Ce que je trouvai, c’était un homme d’une quarantaine d’années, dans une tenue très légère. Mon initiation se fit avec brutalité. Je dus obéir à des fantaisies révoltantes et vierge, au moins de corps, j’épuisai, dans une seule nuit, tous les raffinements de la débauche la plus bestiale.

Je comptais qu’on allait me ramener chez ma maîtresse. Mais les deux filles de service me dirent que le monsieur m’avait louée (telle fut l’expression) pour huit jours, que j’étais son esclave pendant toute la durée de la location, et que je resterais huit jours dans cet appartement si c’était son bon plaisir.

L’annonce de cette longue prison me terrifia. J’avais passé une nuit absolument affreuse. Pourtant, je mentirais si je disais que celles qui suivirent lui ressemblèrent. On eut cette indulgence de me laisser