Page:D. - La Flagellation en Russie - Mémoires d'une danseuse russe, 1905.djvu/212

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
194
Mémoires d’une Danseuse russe

On laissa la malheureuse exposée comme les autres, se tordre nue et toute en sang, le bâillon l’empêchant de manifester par des cris la violence de sa douleur.

Quelques-unes furent encore fouettées. Puis ce fut le tour d’une jolie fille de quatorze ans, assez bien roulée pour son âge, qui reçut trente coups de martinet en roulant des hanches, comme si elle jouait un rôle appris. Ses cris cependant affirmaient que la fessée n’avait rien de plaisant pour elle.

C’était sa mère qui, sachant que sa fille promettait d’être une véritable beauté, la menait là assez fréquemment pour retirer un joli bénéfice par l’exposition de sa chair nubile. Elle escomptait surtout celui qu’elle en retirerait le jour où quelque débauché lui ferait des offres honnêtes.

Après cette fille, ce fut moi qui passai par les mains de la maîtresse.

La modiste me tint troussée sous son bras, pendant que la fouetteuse m’appliquait cinquante coups de corde. Du premier au dernier, je ressentis une vive souffrance. Moi qui suis endurante, je n’avais pas reçu dix cinglées, que je me tordis comme un ver, criant comme une brûlée. La fouetteuse semblait