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Mémoires d’une Danseuse russe

D’ailleurs, une de celles qui avaient été vendues, il faut bien dire le mot, Xénia, une grande fille de vingt ans, qui jusqu’à présent ne m’avait jamais parlé, se départit de son mutisme quand elle apprit le sort qui me menaçait.

Elle me raconta ce qui lui était arrivé dans cette soi-disant maison de correction qui n’était pas autre chose qu’une maison de débauche.

La maîtresse l’avait emportée dans son coupé, qui les avait déposées devant la porte. Elle s’était trouvée dans une grande salle, éclairée à giorno, avec une douzaine de filles de tout âge, amenées là par des matrones dont les mines n’étaient rien moins que respectables. La directrice de la maison les fouetta l’une après l’autre. Elle passa la quatrième et ne fut délivrée que lorsque la suivante eut reçu sa part. On l’envoya ensuite rejoindre sa maîtresse dans un appartement où elle l’attendait. Au lieu de la modiste, elle trouva un homme qui abusa d’elle. Il la garda toute la nuit, revint la nuit suivante — car on l’avait gardée prisonnière — et disparut le matin du second jour, lui laissant une petite bourse assez bien garnie.