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Triste fin d’amour

obligée cependant de me rendre au témoignage de mes yeux. Mon chagrin était immense.

La Marquise m’avait encouragée, au cours de ma cruelle besogne, par quelques claques qui me donnèrent une légère cuisson, mais ne m’avaient arraché aucune plainte. J’attendais mon tour avec une anxiété bien naturelle. Je savais comment cette féroce fouetteuse traitait les postérieurs qu’elle châtiait et je m’attendais à être meurtrie et sanglante sous ses coups. Mais le groom s’étant reculotté et étant parti, elle ne m’adressa aucune menace.

— Tu prendras ce soir, me dit ma patronne, tes plus beaux atours. J’ai une visite à faire et tu m’accompagneras.

Je compris alors pourquoi j’avais été épargnée. C’était pour me conduire dans une maison de correction très connue à Moscou. La modiste y menait les délinquantes qu’elle voulait faire fouetter sévèrement et aussi pour autre chose, disait-on, car plusieurs des ouvrières conduites à la maison de correction ne reparaissaient que le lendemain, quelquefois même huit jours après. Il ne fallait pas si longtemps, se disait-on, pour que les fouettées soient guéries.