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Mémoires d’une Danseuse russe

dame m’envoyait aider le jeune Yégor à porter la caisse au salon d’essayage. L’entrée des clientes était sur un grand vestibule, mais les ouvrières avaient à suivre un long corridor obscur. La première fois que j’aidai le jeune groom, il ne me dit rien en allant. Mais dès que nous fûmes sortis, il s’arrêta au milieu du corridor et, m’étreignant dans ses bras, m’embrassa sur les lèvres.

Je me laissai faire. Ce baiser prolongé, le premier que je recevais de la bouche fraîche d’un jeune garçon, me fit un plaisir extrême.

Quand les ouvrières rentrèrent du salon d’essayage, je vis que la nagaïka avait dû marcher. Toutes avaient les yeux rouges.

Un jour, je dus me passer de l’aimable causerie d’Yégor, causerie muette, mais où nous devenions tous les deux chaque fois plus éloquents, et ce que j’eus en échange fut loin de me donner du plaisir. On me garda à l’essayage et j’étais si troublée, si désolée d’être privée ainsi de mon joli petit amoureux que je faisais tout de travers.

— Cette Mariska ne fera jamais rien de bon, dit la patronne et elle me troussa, présenta mes fesses nues à la marquise, qui détachait ses coups tou-