Page:D. - La Flagellation en Russie - Mémoires d'une danseuse russe, 1905.djvu/188

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
170
Mémoires d’une Danseuse russe

réclamaient, leur offrant toujours au contraire de la prendre elles-mêmes sur les fesses des délinquantes.

C’était presque tous les jours qu’on entendait les plaintes, les sanglots, les cris que poussaient les malheureuses.

Quand j’eus quatorze ans, j’étais déjà assez formée, presque une petite femme. Madame m’envoya porter une caisse chez la marquise de L… avec Nadine, une belle fille de vingt ans, blonde comme les blés mûrs. C’était cette orpheline qui avait passé une misérable jeunesse jusqu’à l’âge de quinze ans dans un orphelinat de Moscou.

Nous fûmes reçues par un jeune groom de quatorze ans très déluré qui me prit le menton, et caressa ma gorge naissante, n’osant sans doute pas prendre les mêmes libertés avec Nadine. Il prit la caisse et la porta dans la chambre à coucher de sa maîtresse. Nous nous en retournâmes sans nous amuser, la patronne put le constater, car elle était dans l’atelier quand nous rentrâmes.

Il n’est donc pas possible de dépeindre notre surprise quand nous vîmes entrer sans frapper dans l’atelier la marquise de L…, qui s’annonça à haute voix. C’était une femme toute jeune, paraissant vingt-