Page:D. - La Flagellation en Russie - Mémoires d'une danseuse russe, 1905.djvu/185

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
167
Clientes fouetteuses

et Madame qui l’avait examiné sur toutes les coutures le savait aussi bien que moi. Cela ne l’empêcha pas de me conduire dans le cabinet voisin en disant à la comtesse qui est une femme de trente ans environ :

— Madame la Comtesse, voici la coupable. Je vais la fouetter devant vous, à moins que vous ne préfériez la châtier vous-même.

— Je veux bien, répondit la dame en roulant des yeux qui me donnèrent la chair de poule, la punir moi-même. Elle se souviendra mieux, quand elle aura un travail à achever pour moi, de la main qui l’aura fouettée comme il faut.

La patronne me troussa, me tenant penchée en avant. Ah ! j’eus vite apprécié la sévérité de la dame. Elle me fouettait avec la nagaïka de vingt-cinq cordes qui m’enveloppaient les fesses, froissant la peau à chaque coup asséné avec fureur. D’abord je me mis à gémir, puis sous l’affreuse cuisson je ne pus retenir des cris déchirants qui ont terrifié mes compagnes, se doutant bien que ce n’était pas pour rien que je hurlais ainsi. On nous corrige dans le cabinet voisin de l’atelier pour que les ouvrières et les apprenties sachent quel traitement on inflige à celles qui ont le