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Mémoires d’une Danseuse russe

une apprentie de treize ans, serve comme moi, et une ouvrière de vingt ans qui avaient élevé la voix pendant son inspection. Elle corrigeait toujours sur-le-champ le manque d’attention aux observations qu’elle adressait à l’ouvrière réprimandée. Elle appliqua à chacune, à la plus jeune comme à la plus grande, six coups de cordes qui leur rougirent les fesses. Elles en eurent pour dix minutes à se consoler.

Le lendemain j’eus l’occasion de faire connaissance avec la nagaïka de la modiste. Elle m’avait envoyée faire une commission dans un magasin du voisinage, en me recommandant de me dépêcher, si je ne voulais pas tâter de ceci… et elle me montra l’instrument de torture qui s’étalait sur la table à ouvrage.

Comme je ne connaissais pas la rue, je dus m’informer. Je trouvai assez vite la maison et une fois servie, je revins en courant, comptant bien avoir évité par mon zèle la correction promise en cas de retard. Mais madame me dit :

— Qu’as-tu donc fait ? Tu t’es amusée à regarder aux vitrines. Je vais t’apprendre à lambiner quand on t’envoie en course.

Je regardai la maîtresse s’avancer, la nagaïka en main, surprise qu’elle m’eût parlé ainsi quand elle