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Mémoires d’une Danseuse russe

ancien employé de l’administration des douanes ; j’étais lasse de mon inaction, je résolus donc de m’expatrier et j’acceptai avec un vif plaisir.

Sur la recommandation de mon amie Rosine et après un échange de lettres, qui dura près de trois mois, je fus agréée comme institutrice par la famille du colonel de K…, maréchal de la noblesse du gouvernement de Pensa. Accompagnée de ma protectrice, pour qui j’éprouvais la plus vive reconnaissance, je me rendis au Consulat de Russie (car sous Louis-Philippe, cette puissance n’avait pas d’ambassadeur en France) et j’obtins, après de nombreuses démarches, le passe-port indispensable pour entrer en Russie.

Je partis de Paris au mois de mai 184… Je ne parlerai pas des incidents de la route, qui me parut longue et monotone. J’étais toute craintive et pleine de vagues appréhensions sur l’accueil qui me serait fait. Rosine m’avait renseignée sur la richesse de mes nouveaux maîtres et sur leur orgueil, comparable à celui des seigneurs de la Cour de Louis XIV. Elle m’avait fait saisir la différence qu’il y avait entre les mœurs des nobles russes et celles des gens riches de notre France démocratique. Tout cela me revenait