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Mémoires d’une Danseuse russe

par la violence des coups, elle resta étalée dans une posture fort indécente. Le maître arrêta le fouetteur. Ce ne fut d’ailleurs qu’un répit bien court. De nouveau les deux amoureux durent s’agenouiller et de nouveau le boyard et boïarine vinrent les flageller avec fureur.

La maîtresse frappait comme une sourde, descendant des épaules par le dos qu’elle lacérait avec les paillettes d’acier jusqu’au bas des reins, arrachant chaque fois un cri de détresse au patient. Les lanières avaient marbré toute la chair des épaules aux hanches. Là, elle retombèrent si rudement qu’elles sillonnèrent la peau d’une longue raie livide, pailletée de rubis.

De son côté le boyard cinglait le dos de la jeune fille, le rayant de plaques rouges, descendant ainsi jusqu’à la chute des reins. Les deux victimes hurlaient comme des écorchées, et à bon droit, je suppose.

Tout le monde paraissait navré. Cette orgie de cruauté n’enchanta que les deux bourreaux et les deux amies flagellatrices.