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Ivan et Léna

Ivan alla s’agenouiller au milieu de l’estrade, tournant toujours le dos aux assistants. Léna brandissait les nerfs de bœuf à l’extrémité desquels brillaient des paillettes d’acier. Elle cingla le dos de son amant, frappant au milieu des épaules. On entendait faiblement le contact des lanières avec la peau heurtée et la trace des coups rosa à peine la chair.

Elle descendit ainsi jusqu’à la croupe qu’elle cingla avec la même indulgence, puis les cuisses jusqu’aux genoux. Cette jolie fille faisait les plus gracieux mouvements pendant que son bras maniait le knout. Le maître la lorgnait d’un œil complaisant.

Quand elle eut fini son indulgente correction, elle s’agenouilla à son tour au milieu de l’estrade. Ce fut au tour d’Ivan qui se montra moins indulgent et frappa, sinon cruellement, du moins avec une assez grande violence surtout quand, après avoir fouetté les reins, il eut atteint la croupe. Ce champ de bataille parut exciter chez lui une fureur assez singulière. Je n’en ai compris que plus tard la manifestation et ses effets possibles. Mes compagnes, d’ailleurs, ne perdaient, pas plus que les maîtres, une bouchée de ce spectacle répugnant. Léna gémissait pitoyablement. Un moment, projetée à terre,