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Mémoires d’une Danseuse russe

et le boyard qui donna les verges à la fille après que les deux complices se furent fouettés mutuellement, par ordre des maîtres.

Tout le personnel employé au château assistait à l’exécution car ce fut une véritable exécution. Les deux coupables était complètement nus et paraissaient consternés, connaissant le sort affreux qui les attendait. Les deux amies entouraient la maîtresse confortablement assise dans de moelleux fauteuils. Les jeunes maîtres assis à côté l’un de l’autre avaient les yeux fixés sur le théâtre du châtiment.

Ivan était un beau gaillard de vingt ans, blond comme les blés, et plus d’une serve, chuchotait-on, avait fait l’expérience de son habileté au noble jeu d’amour… Léna qui allait expier si cruellement les secrets plaisirs qu’elle avait pu goûter avec lui, était une fort jolie fille aux cheveux châtain clair, toute potelée, faite à ravir. Ils nous tournaient le dos. Le boyard mit le knout entre les mains de l’amoureuse du bel Ivan.

— Voyons, lui dit-il, comment tu vas traiter ce gaillard qui te vaut d’être sur cette estrade d’ignominie. Si tu le ménages, gare à toi. Allons, voyons si tu t’entends à ce jeu aussi bien qu’à l’autre.