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Mémoires d’une Danseuse russe

pourtant si fermes chez les jeunes garçons. Le même phénomène se reproduisit sur les deux autres. Quand la maîtresse arriva au dernier, c’était une cacophonie de cris assourdissants.

Je regardai en ce moment mes compagnes, elles riaient en contemplant ce spectacle plutôt affligeant. Je ne voyais pas ce qu’il pouvait y avoir là de risible, mais le rire me gagna à mon tour. Je ne me doutais pas de ce que ce rire innocent, sans malice, allait me coûter.

Quand les jeunes pages eurent repris leurs vêtements et disparu en sanglotant, la gouvernante tendit à la maîtresse son carnet sur lequel elle n’avait cessé de prendre des notes pendant la correction des jeunes postérieurs masculins. La boïarine, après avoir parcouru la page écrite, referma le carnet.

— Alors, toutes ?

— Oui, maîtresse, toutes.

— C’est bien, vous pouvez vous retirer. Nous n’avons plus besoin de vos services.

Ce « Nous n’avons plus besoin de vos services » semblait ne pas faire le compte des deux amies. Ce diable de carnet, que pouvait-il contenir ? Des corrections à infliger, évidemment. Elles vinrent causer à