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La lectrice

s’incliner et chacune d’elles prit un pan du peplum dans la main.

La boïarine s’avança armée d’un martinet de cuir dont elle se servait presque toujours avec sa lectrice, parce qu’ainsi elle pouvait faire durer plus longtemps la correction sans endommager la peau qu’elle savait lui faire cuire et qu’elle pouvait la fouetter tous les jours si bon lui semblait.

Elle la flagella avec sa sévérité des grands jours, lui appliquant une soixantaine de coups. Les lanières retombaient avec vigueur sur les fesses qui se tordaient sous la violence des cinglées. La maîtresse l’avait bien dit qu’elle la ferait chanter. La malheureuse poussait un cri strident à chaque coup qui lui froissait la chair.

La flagellation continua avec la même sévérité jusqu’à la fin. Et pour terminer dignement cet injuste châtiment, la maîtresse eut la cruauté incroyable de lui donner plusieurs coups en visant un endroit effroyablement sensible.

La pauvre Véra hurlait.

Elle la renvoya dans sa chambre pour ne pas être incommodée, pendant qu’on achevait sa toilette, par ses cris assourdissants.