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Un miroir vivant

lui passer ses bas de soie et lui mettre ensuite ses souliers. Il fallait faire la chose bien délicatement, car au moindre heurt elle vous giflait avec sa terrible pantoufle qui vous faisait cuire la peau pendant des heures.

Elle s’amusait aussi dans ces moments-là à nous bousculer d’un coup de pied qui nous envoyait rouler le derrière en l’air. Elle nous montrait alors du doigt à sa fille, lui recommandant d’aller châtier cette fille de chambre qui osait se montrer dans une posture aussi indécente.

La jeune barine n’avait pas besoin d’une telle invite pour s’offrir un régal de son goût et elle ne manquait pas d’aller appliquer une douzaine de coups de verge secs et durs qui laissaient la peau fumante et une cuisson qui durait plusieurs heures. La maladroite avait alors la permission de se relever, mais elle était obligée de se remettre à sa besogne avec l’enfer au derrière.

Ce jeu-là, quand la maîtresse était de méchante humeur, se renouvelait cinq ou six fois. C’était alors une véritable fête pour la jeune barine.

En dehors de ces corrections, infligées pour des flagrants délits, la toilette ne s’achevait pas souvent