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Un miroir vivant

les coudes repliés, la présentant au gré de sa maîtresse. Quand les bras fatigués refusaient leur service, la dame l’encourageait par une gifle qui lui faisait enfler la joue ou bien c’était la semelle de la pantoufle qui la souffletait ou qui cinglait les seins à découvert. La joue ou les seins en gardaient la trace marquée en rouge toute la journée.

La pauvre fille était obligée de tenir ainsi la glace tout le temps que les coiffeuses passaient à édifier la chevelure de la maîtresse. Il était bien rare que la psyché vivante, à moins que ce ne fût une fille vigoureuse, s’en tirât sans recevoir le fouet. La séance de coiffure était toujours très longue, la dame n’était jamais satisfaite et l’on était souvent obligé de remplacer la porteuse de miroir. Alors c’était ordinairement vingt-neuf coups de martinet ou de nagaïka qui attendaient la croupe de la fille trop faible pour rester une heure à genoux.

Une grande fille de chambre très vigoureuse qui n’avait jamais faibli dans ses fonctions de psyché vivante, se moquait des faibles filles qui ne pouvaient pas rester aussi longtemps qu’elle dans cette fatigante posture. Un jour il lui arriva à elle aussi de trouver la séance un peu longue, ses bras faiblis-