Page:D. - La Flagellation en Russie - Mémoires d'une danseuse russe, 1905.djvu/144

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
126
Mémoires d’une Danseuse russe

spectateurs, on pourrait même dire les auditeurs, à cause de la musique des verges qui s’unissait au crescendo des hurlements, prenaient un vif plaisir à voir fouetter, aussi sévèrement qu’ils l’étaient, cette femme si méchante.

La boïarine avait donné cinquante coups de verge sans s’arrêter. Un peu fatiguée, elle jeta le tronçon qui lui restait à la main et descendit de l’estrade. Le boyard monta à son tour, armé lui aussi, d’une longue et forte verge.

La danse de la croupe, un moment interrompue pendant le changement d’acteur, reprit de plus belle sous les coups de verge assénés cette fois avec la vigueur d’un bras d’homme. Les coups pleuvaient dans tous les coins, sur les hanches, sur les jambes encore non touchées, sur la plante des pieds.

Les hurlements n’avaient pas eu à reprendre, car ils n’avaient pas cessé, même pendant l’entracte, mais on devinait à leur acuité que le maître tapait plus fort que la maîtresse. Quand le boyard descendit à son tour de l’estrade, la gouvernante avait reçu une centaine de coups de verges. Des rubis pointaient sur ses fesses et sur ses cuisses qui en se secouant les semaient à terre.