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Mémoires d’une Danseuse russe

Je ne sais et personne n’a su dans le château, le méfait commis par la gouvernante pour mériter la sévère correction qu’on lui infligea publiquement.

Les hommes, sauf de rares exceptions, étaient exclus de la salle où nous recevions nos châtiments, les maîtres et les invités exceptés.

Nous savions qu’on allait fouetter la gouvernante, la méchante femme que toutes les serves soumises à sa férule détestaient cordialement. Et nous nous réjouissions à la douce pensée du supplice qui l’attendait.

La maîtresse la corrigeait toujours en particulier pour ne pas diminuer le prestige attaché à ses fonctions. Elle fut amenée, il vaudrait mieux dire traînée, car elle se débattait furieusement, par deux gaillards qui la hissèrent, toujours révoltée, sur l’estrade où elle-même d’habitude flagellait les coupables. Elle n’y était jamais montée qu’en bourreau, aujourd’hui elle y montait en victime, par force, et c’était bien son tour.

Deux autres serfs, sur un signe de la maîtresse, grimpèrent sur l’estrade venant prêter main-forte aux deux premiers. À eux quatre, ils eurent tôt fait