Page:D. - La Flagellation en Russie - Mémoires d'une danseuse russe, 1905.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
122
Mémoires d’une Danseuse russe

La boïarine semblait haïr tout particulièrement cette belle fille qui recevait le fouet plus souvent qu’à son tour. Et quand elle vit perler des gouttes de sang sur la pauvre chair torturée qui se remuait sous les morsures des cordes tressées, tandis que la victime, se raidissant de toutes ses forces contre la douleur subissait la torture qu’on lui infligeait sans un sanglot, sans une plainte, sans une larme, la boïarine ne put contenir sa joie féroce et s’écria : « Bien, très bien, fort bien ».

La pauvre Catya ne sortait jamais de ses mains, car il était rare qu’elle ne terminât pas elle-même la flagellation de cette fille, sans avoir les fesses et les cuisses endommagées, mais toujours aussi impassible, sans une larme dans les yeux. On eût juré qu’elle ne sentait rien. Mais sa peau parlait pour elle.

Cette fille ne servait jamais sa maîtresse au bain où les servantes étaient nues mais à la toilette où elles étaient seulement dévêtues en partie. Sa croupe n’était jamais mise en évidence que dans des occasions fâcheuses pour elle et dans la posture la plus humiliante.

J’ai su depuis que la maîtresse était jalouse de la forme parfaite du corps de la jolie serve.