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Mémoires d’une Danseuse russe

pattes d’écrevisse sur la peau, elle inaugura la fessée avec la main mouillée qu’elle trempait après chaque gifle. Elle lui en distribua ainsi sans compter pendant plus de cinq minutes. La malheureuse ne cessa de se lamenter à voix haute. Les fesses rouges étaient mouchetées par places de mosaïques sanglantes.

Le lendemain, la pourpre des fesses avait disparu, mais les mosaïques étaient devenues bleues. Elles constellèrent la croupe pendant huit jours.

Je suis passée par les deux tortures, et je me souviens encore à l’heure où j’écris ces lignes de l’horrible souffrance que j’endurai. Heureusement qu’elle n’eut pas la fantaisie de dessiner sur moi ses fameuses pattes d’écrevisse.

Quand on se relevait du bord étroit de la baignoire, la marque en restait. Moi qui n’étais pas assez grande pour que mes jambes fussent à terre, je me tenais en équilibre, cramponnée au rebord pour ne pas être projetée en avant par la violence des coups et tout le poids de mon corps portait sur mes assises. Je souffris toute la journée et le lendemain j’étais courbaturée.

C’était donc sur-le-champ que se réglaient les comptes des coupables, à moins qu’il n’y eût des