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Mémoires d’une Danseuse russe

— Qui a préparé le bain aujourd’hui ? disait la boïarine, en tâtant l’eau de sa baignoire.

— C’est moi, répondait celle qui avait accompli cet office. Et la palette l’atteignait au même instant, sur les tendres globes de ses seins.

Cette maudite palette ne cessait de fonctionner tout le temps que durait le bain et la toilette. Les deux baigneuses l’avaient à portée de la main sur une petite planchette. Si les malheureuses cruellement cinglées avaient la fâcheuse inspiration d’obéir à un premier mouvement qui les portait par un saut involontaire hors des atteintes de la férule, la maîtresse leur donnait ou leur faisait donner sur-le-champ le fouet en règle.

Quand elle fouettait elle-même, elle faisait asseoir sa victime sur le rebord de la baignoire. On y était bien mal assise. Elle se servait de verges pour cette correction.

La première fois que je la vis donner le fouet de cette façon, ce fut à une de ses femmes de chambre ; celle-ci pouvait bien avoir trente ans. Elle avait eu le tort impardonnable de bondir sous un coup de férule qui lui avait entamé la chair. Elle dut venir s’asseoir sur le siège de circonstance. La fouetteuse