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La palette

Et Dieu sait si le mauvais drôle se fit faute d’exiger de cette esclave qu’on lui fournissait toutes les complaisances possibles. Après une flagellation dans laquelle il déploya une virtuosité qui témoignait d’une longue pratique, il abusa d’elle sans le moindre ménagement, sans un seul mot tendre, sans une caresse.

j’assistais tous les matins à la toilette de la maîtresse et de la jeune barine, servant de camériste à celle-ci, ainsi que toutes les filles attachées à sa personne. J’étais, comme toutes mes compagnes, absolument nue. La salle était surchauffée, non pour nous bien entendu, mais enfin on ne pouvait y avoir froid. Quant à la raison de cette nudité, on la devine. Les maîtresses étaient rarement satisfaites. Le bain était presque toujours ou trop chaud ou trop froid. La fille qui faisait leur toilette avait la main trop rude ; elle frottait trop fort.

La dame et la jeune barine étaient armées d’une large palette de cuir suspendue à un long manche, avec laquelle elles tapaient sur la chair nue, atteignant partout au hasard, même les endroits les plus sensibles. Souvent le hasard n’était pour rien dans ces piquantes atteintes.