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Ma mère fouettée

Je rencontrai ma mère sortant de la lingerie où elle était souvent occupée. Je me jetai à son cou, lui racontant comme on m’avait fait souffrir. Elle voulut se rendre compte de la façon dont on m’avait arrangée et comme il n’y avait personne dans le corridor elle inspecta mes pauvres fesses encore meurtries, me plaignant d’être exposée si jeune à de pareilles tortures.

Elle resta trop longtemps à faire cet examen ; ce fut la cause de son malheur. Une surveillante la surprit en train de s’apitoyer sur mon sort. Elle courut la dénoncer à la maîtresse qui ordonna un châtiment immédiat. La correction fut confiée à la jeune barine. On m’obligea à assister à la représentation avec toutes mes compagnes, pour me montrer comment on guérit les mères de leurs pleurnicheries et de leurs faiblesses maternelles.

D’abord je fermais les yeux. Je voulais ne pas voir si j’étais forcée d’entendre. Une gifle qui me cingla la joue gauche me fit ouvrir les yeux en m’arrachant un cri. C’était la boïarine qui, s’apercevant que je fermais les yeux pour ne pas voir fouetter ma mère, m’avait appliqué ce méchant soufflet qui me fit enfler la joue, en me recommandant de ne