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Mémoires d’une Danseuse russe

fort. Je le vois encore à l’œuvre, le cher fils, avec ses yeux qui flamboyaient comme ceux d’un tigre devant de la chair fraîche. Les cordes retombaient avec un bruit sourd, les nœuds s’enfonçaient, laissant des creux rouges aussitôt refermés.

Les maîtres semblaient s’amuser énormément de ce spectacle, ils encourageaient le jeune héritier par des propos cruels, au milieu des sanglots qu’arrachait la douleur à la fustigée.

Le jeune maître suivait à la lettre les recommandations de ses bons parents. Pendant une longue demi-heure, les courroies voltigèrent sur la croupe, sur les cuisses, partout où elles purent atteindre.

Quand le jeune bourreau jeta l’instrument de torture, tout ce qu’on voyait de chair nue, et il y en avait une belle étendue des genoux aux hanches, était de la couleur d’une langouste cuite ; des rubis sanglants perlaient de tous côtés. Le jeune barine était un peu essoufflé et suait à grosses gouttes.

Le lendemain ce fut sur ma pauvre mère que la jeune barine prit une leçon de fouet. Hélas ! j’en étais la cause involontaire. Ma jeune maîtresse, la veille, m’avait écorché le derrière pour une peccadille.