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Ma première course

Elle me releva furieuse, et, après m’avoir appliqué quelques méchants coups de cravache, elle sauta en l’air, retombant avec force, les deux pieds écartés sur ma croupe nue, et elle me trépigna avec rage sous ses semelles de cuir, pétrissant mes chairs pendant cinq minutes. Je sanglotais à perte d’haleine.

Elle m’enleva le harnais pour le mettre à une grosse fille de quinze ans qui n’avait pas encore servi à ce jeu, mais qui était moulée comme on l’est rarement à cet âge. Elle l’enfourcha. Sa cavale l’emporta à travers l’appartement, courant à toutes jambes, comme si elle avait l’habitude de ce genre d’exercice. Elle n’en fut pas moins stimulée par la cravache que maniait le jeune barine qui frappait comme s’il eût eu à cravacher le cuir épais d’une jument.

Ce stimulant ne devait pas être du goût de la croupe qui le recevait, car elle tressautait à chaque cinglée. Quand l’écuyère descendit, la peau de la pauvre fille était pointillée de fines perles rouges.