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Mémoires d’une Danseuse russe

les bêtes. Ils s’acquittèrent de cet office en postillons consciencieux, surtout quand ils avaient à faire se relever une monture tombée.

Quand les courses furent terminées, les coureuses, dont la plupart avaient la peau en sang, eurent la permission de s’envelopper dans des draps apportés tout exprès et de s’en retourner en courant au château. Il est vrai qu’il faisait ce jour-là une chaleur tropicale, ce qui est rare dans ce pays.

Un jour — il y avait six mois que j’étais à son service — la jeune barine eut la fantaisie de mettre ma vigueur à l’épreuve. Elle me fit déshabiller, me harnacha, puis, posant le pied sur l’étrier, elle se mit à califourchon sur mes reins nus :

— Hue donc ! Hue Mariska !

Je recevais en même temps un coup sec de cravache asséné par le jeune barine, qui était posté derrière ma croupe. Je fus projetée en avant ; faisant un pas malgré moi, je perdis l’équilibre, m’écroulant entraînée par un fardeau trop lourd pour mes jeunes épaules de huit ans et demi, et je m’étalai de tout mon long.