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Étranges cavalcades

L’été, les jeunes barines avaient de temps en temps la visite de jeunes amis des environs. C’était alors des courses en plein air sur la pelouse couverte en cette saison d’une herbe épaisse, des courses d’obstacles dans lesquelles les montures luttaient de vitesse et d’agilité, toujours, bien entendu, stimulées par les piétons.

Ici, c’était une baguette de tamarin fraîchement coupée, souple et flexible, qui servait à exciter les coureuses en piquant affreusement la partie cinglée. La cravache ne servait que pour les courses d’obstacles. Filles et garçons montaient en jockeys. Les montures étaient chaussées de bottes de couleurs différentes, le corps entièrement nu, les cheveux flottant au vent, comme la crinière d’un cheval arabe. Elles étaient toutes pourvues d’étriers.

La première fois que j’assistai en spectatrice à ces courses, je souhaitai, dans mon for intérieur, de ne jamais devenir assez vigoureuse pour servir de cavale à ces cruels jockeys des deux sexes.

Ils vinrent un jour au nombre de dix, filles et garçons. La course plate commença sur une petite piste gazonnée. Les montures couraient les bras ballants, la crinière dénouée et flottante. Fillettes et