Page:D. - La Flagellation en Russie - Mémoires d'une danseuse russe, 1905.djvu/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
104
Mémoires d’une Danseuse russe

cirque. Ils sautaient sur les reins nus de leur monture, à califourchon sur la croupe, les pieds passés dans des étriers suspendus à de larges ceintures serrées aux flancs de la jument humaine, entourant le cou de leur bras.

Les deux petits monstres chevauchaient l’un après l’autre. Celui qui était à pied stimulait la monture du cavalier à coups de cravache sur la croupe pour l’obliger à courir à toutes jambes. Quand c’était la jeune maîtresse qui maniait la cravache, elle était plus époumonée que la porteuse de son frère quand celle-ci s’arrêtait.

La sœur, à son tour, enfourchait sa cavale. Le frère prenait la cravache et s’en servait pour stimuler la coureuse en lui cinglant vigoureusement le bas des reins. La pouliche bondissait sous la morsure, attrapant, dans sa course en zig-zag, des cinglées par tout le corps. Quand l’une d’elles tombait, ils l’aidaient à se relever en la frappant partout, mais de préférence aux endroits les plus délicats et les plus sensibles. Quand, dans leurs chutes, elles obligeaient involontairement leur cavalier à vider les arçons, ceux-ci ne s’arrêtaient de frapper que quand ils voyaient couler le sang.