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Poupées vivantes

je voyais infliger quotidiennement aux grandes filles qui se lamentaient et dont la croupe se démenait furieusement sous les rudes cinglées qu’on leur appliquait.

On me donna comme jouet à la jeune barine, alors âgée de dix ans et qui dépassait en férocité son frère plus âgé qu’elle de deux ans. Je me trouvais là avec une vingtaine de filles toutes plus grandes que moi, échelonnées jusqu’à vingt ans, et destinées elle aussi à servir de poupées à nos jeunes despotes. Quand la fantaisie leur prenait de s’amuser de nous et de nous fouetter, ils choisissaient une, deux ou plusieurs victimes. Quelquefois, quand ils avaient des amis, toute la bande y passait.

Le jour où j’entrai dans les jouets animés de la jeune barine, comme je lui étais offerte en présent par ses parents pour sa fête, on m’apporta étendue dans une grande corbeille de fleurs, tenant dans ma main droite un martinet de cuir. On me déposa à ses pieds ; je dus m’agenouiller devant ma jeune maîtresse et baiser la pointe de ses souliers, en signe d’humilité, en lui offrant le martinet, épée de Damoclès suspendue… au-dessus de nos croupes.

Pour m’en faire connaître l’usage sans plus tarder